Dans un recoin de ce monde : l’abîme et le paradis au Japon en 1944
Inspiré du manga de Fumiyo Kouno, publié par les Editions Kana, Dans un recoin de ce monde sort aujourd’hui en salle. Réalisé par Sunao Katabuchi, ce film magnifique réussit à dépeindre la misère et la souffrance avec une justesse si fine qu’il transmet un récit pratiquement inédit en Europe qu’il faut découvrir sans tarder.
En 1944, Suzu entreprend “un grand voyage” de Hiroshima à Kure (20 km) où vit son futur mari qu’elle en connait pas encore. Sa vie bascule dans un monde nouveau : le mariage, la vie de famille avec un inconnu, l’installation avec les parents de son mari. Ce moment, si important pour elle, suit l’intensification de la guerre aérienne sur le sol du Japon par les bombardements américains. La vie du jeune couple et de sa famille devient très difficile. Les pénuries de nourriture, de charbon, de vêtements rendent le quotidien éprouvant pour tous. Suzu parvient à garder sa joie de vivre et son optimisme qui semble résister à toutes les épreuves mais Kure est un port de guerre, les fleurons de la marine japonaise s’y réfugient ce qui attire les B-29. Les alertes se succèdent. Les bombes font de plus en plus de victimes et allument des incendies. La vie de la jeune fille se fait trop dure, elle annonce qu’elle rentre à Hiroshima. Sa famille lui manque, son mari est absent, parti à la guerre comme tous les hommes en âge de porter les armes. Quand soudain, la veille de son départ, un éclair formidable éclaire le ciel, au loin, au dessus de la ville. Un champignon géant de fumée s’élève derrière la montagne et un souffle inconnu transporte des débris de maisons, suivis par une cohorte de réfugiés.
Ce film animé est un chef d’œuvre d’intelligence et de retenue. Sans porter aucun jugement, Katabuchi raconte la dernière année de la guerre vue à hauteur d’habitants anonymes. Le spectateur connait la fin de l’histoire, reste l’effroi qui se glisse peu à peu devant la course vers l’abîme qui va bouleverser le destin de ces innocents. Sunao Katabuchi réussit à dépeindre la misère et la souffrance sans faux semblant mais avec une justesse si fine qu’il transmet un récit pratiquement inédit en Europe qu’il faut découvrir sans tarder.
Bande annonce
En attendant la sortie du coffret le 22 septembre, les deux volumes du manga de Fumiyo Kouno sont déjà disponibles indépendamment :
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