Pour Jean-Baptiste Bourgois, Napoléon doit mourir
Les bandes dessinées “impériales” suivent des canons bien balisés : biographie, autopsie de batailles ou gestes héroïques de grands soldats connus ou inconnus. Jean-Baptiste Bourgois a choisi une autre voie. Avec Napoléon doit mourir, il embarque l’Empereur et son fidèle Caulaincourt dans un périple onirique au cœur des steppes et des forêts d’Europe centrale.
1812, la guerre en Russie est perdue, Napoléon doit rentrer à Paris pour consolider son pouvoir et réparer sa Grande Armée pour une campagne prochaine. Accompagné de son plus fidèle maréchal, l’Empereur entame un périple qui en fera un homme presque comme les autres.
Armand Augustin Louis de Caulaincourt fut un enfant charmant, joueur et intelligent. Puis il devint un des plus grands généraux de l’épopée napoléonienne mais il a un très gros problème : il ne se blesse pas, ne se cogne pas, ne glisse jamais, les boulets de canon et les balles de fusils l’évitent systématiquement. Cette qualité ou ce défaut plonge l’homme de guerre dans des abîmes de réflexion. Alors que la Campagne de Russie tourne à la catastrophe pour la Grande Armée et l’Empereur, Caulaincourt est appelé d’urgence par Napoléon. Il lui demande de l’accompagner incognito pour traverser l’Europe et retrouver la France. Les deux hommes entament un voyage périlleux et surprenant au milieu d’une nature hostile.
L’auteur plonge nos deux héros dans un monde onirique plein de monstres, de fées ou de sorcières, d’ennemis cachés, d’amis inattendus et de forêts impénétrables. Navigant entre l’uchronie et le conte merveilleux, Napoléon doit mourir engage une profonde réflexion sur ce qui constitue l’autorité. Comment un chef qui ne risque rien peut-il comprendre et ressentir ce que vivent ses hommes qui risquent leur vie à chaque seconde. Jean Baptiste Bourgois interroge, l’air de rien, le destin des grands hommes et ce qui peut à tout moment, les faire tomber des hauteurs qu’ils ont atteint.
Le dessin, au trait, en noir et blanc, qui tend vers Sempé en plus épuré, déroute au premier abord mais la capacité d’évocation les steppes russes ou la Grande Armée, avec, en apparence si peu de moyens, laisse sans voix.
Retrouvez Jean-Baptiste Bourgois avec Stéphane Dubreil dans ce podcast de Art District Radio :
Napoléon doit mourir. Jean-Baptiste Bourgois (scénario et dessin). Editions Sarbacane. 168 pages. 26 euros.
Les 10 premières planches :