Vanikoro, dans les pas des naufragés de l’expédition La Pérouse
En 1788, trois ans après le départ de l’expédition autour du monde dirigée par le capitaine La Pérouse, La Boussole et L’Astrolabe s’échouent sur les hauts fonds de l’île de Vanikoro. Dès la disparition de l’explorateur et de son équipage, des expéditions partent à leur recherche. Mais il faut attendre 1962 pour qu’un plongeur néo-zélandais, Reece Discombe, découvre les restes d’un des deux navires. 230 ans après les faits, les légendes et les objets retrouvés depuis les années 1960 ont inspiré Patrick Prugne qui imagine, dans Vanikoro, la vie des naufragés.
1785, La Pérouse a fait ses preuves dans la marine de guerre du roi de France. Il a brillamment dirigé ses navires contre la Royal Navy dans la guerre d’Indépendance des États-Unis. C’est un marin très aguerri et un navigateur expérimenté qui est choisi pour diriger une expédition autour du monde qui doit durer 4 ans. Il s’agit, pour le roi de France, de découvrir de nouveaux territoires, d’affirmer son pouvoir sur des terres lointaines et de rivaliser avec le capitaine Cook qui a déjà réussi avec succès sa circumnavigation. L’expédition emmène des soldats mais surtout une forte équipe de scientifiques, naturalistes, médecins, dessinateurs et astronomes. La puissance du royaume de France se mesurera aussi avec l’augmentation des collections exotiques et la qualité de ses cartographes. Après trois ans de navigation, les deux navires se fracassent sur les récifs de l’ile de Vanikoro. Une petite partie de l’équipage parvient à rejoindre le rivage et à établir un campement. La légende, transmise de génération en génération par les natifs de Vanikoro, raconte qu’ils ont réussi à construire un bateau de deux mâts, avec lequel ils auraient pris la mer. Mais personne ne les a jamais revus. On sait en outre, toujours grâce à la tradition orale que deux marins sont restés sur l’ile, dont un a vécu assez longtemps. Les archéologues ont cherché des vestiges sur d’autres iles et sous la mer, mais n’ont rien trouvé.
Patrick Prugne retrace la vie que ces hommes traumatisés, Robinsons du XVIIIe siècle, ont pu vivre. Il tente de décrire leurs rapports, les moyens qu’ils mettent en action pour survivre, manger. Partant d’autres récits, il peint des situations qu’on imagine réaliste. Le groupe est l’objet de vives tensions, les caractères s’aiguisent, les couteaux sortent facilement. A côté de cette vie dans un campement sur la plage, le dessinateur embarque le lecteur dans la jungle, à la suite d’un naturaliste et d’un soldat qui se sont égarés. La découverte de la nature luxuriante et les premiers contacts, violents, avec les habitants de l’île vont mal se passer. Le dessin de Patrick Prugne est toujours aussi brillant, le découpage est vif, ses personnages de plus en plus convaincants. Vanikoro est un bel album d’aventure, intelligent et documenté.
Vanikoro. Patrick Prugne (scénario, dessin et couleurs). Editions Daniel Maghen. 104 pages, 19,50 €