Le manga Ad Astra à la loupe : Hannibal et Scipion emblèmes de la deuxième guerre punique
Ad Astra ou « vers les étoiles » – derrière ce beau titre en latin se trouve un manga historique de Mihachi Kagano (série commencée en 2011 chez Shūeisha au Japon et en 2014 chez Ki-oon en France). L’action prend place à la fin du IIIe siècle av. J.-C., lors de la deuxième guerre punique, un conflit à l’échelle de toute la Méditerranée qui opposa pendant une quinzaine d’années les deux grandes puissances de l’époque dans la région, Rome et Carthage. Le manga fait le choix, comme le montre la couverture du tome 1, de se concentrer tout particulièrement sur la rivalité entre deux personnages emblématiques : du côté carthaginois, Hannibal, chef intrépide de l’armée lancée contre Rome ; du côté romain, Scipion, jeune noble surdoué qui va apprendre l’art de la guerre au gré des combats.
Les deux hommes qui ne se connaissent pas au début de l’histoire sont, par leur génie militaire, présentés dans le manga comme engagés dans un bras de fer pour la victoire de leur cité. D’un point de vue historique, Mihachi Kagano s’efforce d’être le plus rigoureux et fidèle possible par rapport aux sources et aux travaux des historiens. C’est d’autant plus louable que, dès la postface du premier tome, il admet avoir certainement laissé des approximations ou erreurs dans son récit – saine humilité dont il faudrait s’inspirer dès que l’on s’essaie à adapter l’histoire en fiction. D’autre part, le manga présente de grandes qualités pédagogiques. Il permet en effet d’entrevoir avec justesse beaucoup d’aspects de la politique ou de la culture de l’époque à travers le dessin et la mise en scène, une manière beaucoup plus agréable pour le public que des manuels parfois un peu arides. D’ailleurs, toutes les connaissances historiques sont distillées avec beaucoup d’habilité par le mangaka, sans nuire à la narration et au plaisir de la lecture. Il est en revanche dommage qu’aucune bibliographie ne soit proposée en fin de volume pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur le sujet.
On remarque que le manga obéit aux schémas scénaristiques et esthétiques du genre shonen que les éditeurs destinent traditionnellement à un public adolescent et masculin. Il y est souvent question d’un jeune garçon qui, à travers de nombreuses épreuves, cherche à se surpasser pour accomplir un rêve : ainsi Scipion est-il ce héros qui va tenter de dépasser son maître en matière de stratégie militaire, Hannibal. Les faits historiques racontés par le manga sont, par conséquent, présentés à travers le prisme de ces codes narratifs et esthétiques. Toutefois, ce parti pris de Mihachi Kagano et des éditeurs est loin d’être incohérent ou même absurde car les études historiques ont pu souligner que Scipion avait effectivement tenté d’apprendre des stratégies d’Hannibal afin de devenir l’un des meilleurs généraux romains. En outre, il est intéressant de noter que le manga évite de tomber dans un manichéisme caricatural dont nous sommes tous un peu victimes car nos sources sont avant tout latines ou pro-latines et n’hésitent pas à dénigrer Carthage. Ici lecteurs et lectrices auront plaisir à avoir pour héros tantôt Scipion, tantôt Hannibal, pour lequel Mihachi Kagano a un indéniable attachement.
La défaite carthaginoise des îles Égates
Ad astra s’ouvre sur un affrontement naval aux îles Égates situées au large des côtes siciliennes occidentales. Le manga met en scène avec exactitude l’événement. Ce n’est pas une bataille mais une embuscade tendue par la flotte romaine à des navires carthaginois, transportant ravitaillements et troupes en direction de la Sicile, qui était le principal théâtre de guerre à cette époque. Depuis la grande île, Hamilcar Barca, éminent général carthaginois et père du tout jeune Hannibal, assiste impuissant à la destruction des vaisseaux de renfort transportant les ressources nécessaires à la poursuite de la guerre. Nous sommes alors le 10 mars 241 av. JC et c’est la fin de la première guerre punique.
Au cours du IIIe siècle av. JC, Rome et Carthage sont les deux grandes puissances du bassin méditerranéen et se livrent une lutte acharnée pour la domination de cet espace au cours des trois guerres puniques. La première a lieu de 264 à 241 et voit finalement Rome l’emporter avec sa victoire aux îles Égates, point de départ du manga. Le personnage central de ces deux pages est le jeune Hannibal qui s’illustre par une analyse tactique et géopolitique des plus surprenantes pour son âge puisque, né vers 247, il avait tout au plus 7 ans à ce moment. Comme à de nombreuses autres reprises, le manga superpose dessin et cartes pour donner les moyens au lecteur de comprendre le contexte et les enjeux : la Sicile, point de jonction entre l’ouest et l’est de la Méditerranée, fut le principal terrain d’affrontement de la Première Guerre punique, à l’issue de laquelle les Carthaginois durent abandonner leurs prétentions sur l’île pour se replier en Tunisie actuelle, tandis que les Romains pouvaient prendre pied pour la première fois hors de la botte italienne.
Les réflexions étonnantes du très jeune Hannibal sont plutôt de l’ordre de la fiction, destinée à agrémenter le récit et à construire la figure d’un prodige de la stratégie. Cependant, elles puisent leur inspiration dans des données historiques avérées, à savoir que le jeune Carthaginois a profité d’une formation intellectuelle et tactique particulièrement soignée. Il a pour précepteurs notables Silenos, un sicilien que nous voyons sur ces premières pages, vêtu d’une toge et étonné par les capacités d’Hannibal, mais aussi un certain Sosylos, venu de Sparte, qui lui apprend la stratégie et lui donne comme modèle Alexandre le Grand. À cette époque, Carthage est effectivement gagnée par la culture grecque et Hannibal est l’un des porteurs de cet hellénisme. Le jeune stratège grandit aussi et surtout sur les pas de son père, brillant tacticien qui a failli renverser la situation à l’avantage de Carthage à la fin de la première guerre punique. On le voit ici féliciter Hannibal pour la justesse de son analyse. C’est sans doute ce même père qui élève son fils dans la haine farouche de Rome – même si les historiens latins qui ont décrit Hannibal n’ont sans doute pas hésité à accentuer ce trait de caractère chez celui qu’ils considéraient comme un des ennemis mortels de Rome.
L’armée d’Hannibal en marche
Avec cette double page, nous entrons dans la Deuxième Guerre punique, aussi appelée « guerre d’Hannibal », preuve de l’importance du personnage dans ce conflit (218-201 av. JC). Le temps s’est écoulé et Hannibal est devenu un véritable chef de guerre. Rappelons qu’il suit dès l’âge de neuf ans son père Hamilcar en Espagne, grandissant ainsi au milieu des combats qui allaient offrir le contrôle de cette région à Carthage afin de compenser les pertes territoriales de la Première Guerre punique. En 230 ou 229, Hamilcar meurt au combat et peu après Hannibal est nommé chef de la cavalerie carthaginoise : sans doute une étape décisive dans sa formation stratégique car la cavalerie occupe toujours une place centrale dans ses tactiques militaires. Enfin, au moment de lancer la Deuxième Guerre punique, Hannibal est à la tête de l’armée qui marche contre Rome depuis l’Espagne, en passant par le sud de la Gaule puis les Alpes.
On le voit ici au premier plan, portant les cheveux longs et noirs alors que les hypothétiques représentations qui nous sont parvenues – profil sur des monnaies ou bustes – le figurent la chevelure courte et bouclée. Il est suivi par ses principaux généraux et conseillers. Derrière lui, à droite, on retrouve Silenos qui l’aurait effectivement accompagné dans ses campagnes et aurait même rédigé Les Exploits d’Hannibal, œuvre aujourd’hui perdue. L’extrait nous montre également Magon, frère cadet d’Hannibal dont la présence rappelle la puissance de la famille des Barcides au sein du haut commandement militaire. Hannibal et ses officiers sont ici correctement représentés, revêtus de l’armure à muscles apparents. Elle était répandue dans tout le monde antique depuis le Ve siècle av. JC, chez les Grecs comme chez les Romains ou les Carthaginois et portée par les personnes de haut rang dans la hiérarchie militaire, sans doute en référence aux nus héroïques de la mythologie. Enfin, en arrière-plan, on peut observer un des fameux éléphants de l’armée carthaginoise. La représentation semble fidèle : il s’agit d’éléphants d’Afrique, chassés au pied de l’Atlas et dans les environs du détroit de Gibraltar, munis de défenses développées et de grandes oreilles mais d’une taille modeste – savoir 2,50 m, ce qui était plus petit que leur cousins d’Asie et ne leur permettait pas de porter une tour sur le dos, mais seulement un cavalier.
Silénos relève avec inquiétude le nombre de guerriers de l’armée carthaginoise : environ 50 000. L’estimation toujours délicate des effectifs d’armées antiques est ici relativement correcte : Hannibal serait parti d’Espagne avec 60 000 hommes et 11 000 cavaliers mais ce nombre aurait diminué au fil du trajet et en arrivant de l’autre côté des Alpes, les forces carthaginoises ne comptaient plus que 26 000 soldats. En face, Rome peut compter sur un immense avantage numérique à trois égards. Tout d’abord, les Romains sont attaqués sur leur sol et peuvent donc mobiliser l’intégralité de leur potentiel militaire. Ensuite, sur le plan démographique, l’Italie est très peuplée – beaucoup plus que Carthage. Enfin, l’armée romaine est composée des citoyens mâles de 17 à 60 ans qui sont tous mobilisables selon les nécessités, pour le temps d’une campagne. En 234-233, les censeurs recensent 270 713 citoyens romains, soit cinq armées de plus de 50 000 hommes. Néanmoins, comme l’a souligné l’historien Yann Le Bohec et comme le retranscrit très bien Ad Astra, Hannibal vaut plusieurs légions à lui tout seul.
Discussion entre les Scipions et Sempronius Longus
Cette scène du deuxième tome se passe du côté des Romains. Le jeune Scipion porte les cheveux longs ce qui est pour le coup très discutable. Une discipline et une hygiène rigoureuses sont en effet exigées des soldats et, de manière générale, les Romains prennent soin d’avoir l’air propre en portant les cheveux courts. La chevelure longue est plutôt un signe de deuil. Néanmoins, le choix esthétique de l’auteur n’est pas complètement injustifié : les jeunes romains portent en effet les cheveux longs et à ce moment Scipion doit avoir environ 17 ans et vient de revêtir la toge virile. Sur ces cases, on retrouve aussi son père, Publius Cornelius Scipion, blessé au bras à la suite de l’escarmouche du Tessin, au pied des Alpes, où les deux Scipions viennent d’être vaincus par Hannibal vers la fin de l’année 218. Selon la tradition latine, reprise par Mihachi Kagano dans son manga, le fils aurait sauvé son père lors de cette défaite ; toutefois, sur le moment, ce sont sans doute les moqueries du troisième personnage de cet extrait, Titus Sempronius Longus, qui frappent les Scipions mis en échec, comme le montre bien le manga.
En tout cas, les deux vaincus tentent de persuader Sempronius, en costume militaire et prêt au combat, de ne pas se lancer sans réfléchir contre Hannibal. Néanmoins, le général romain leur objecte que l’armée de Rome est en mesure de vaincre grâce à son infanterie lourde. Il y a là une référence exacte à l’excellent équipement défensif des soldats romains, à savoir une armure, un casque de bronze surmonté de longues plumes noires ou rouge pour rendre le guerrier plus grand et impressionnant, et un bouclier long (le scutum). Cette infanterie bien équipée forme le cœur de l’armée romaine, organisée en petites unités très mobiles de 120 hommes, les manipules. Toutefois, on peut noter que le manga a tendance à représenter les soldats romains comme tous équipés de la même manière alors que, dans les faits, chaque citoyen mobilisé doit s’armer à ses propres frais, ce qui entraîne des différences d’équipements selon le niveau de richesse des combattants. Dans tous les cas, si Sempronius se plaît à vanter la solidité de l’armée romaine, la suite des événements tend à prouver qu’Hannibal a une parfaite connaissance de ces atouts et qu’il cherche à les neutraliser.
Enfin, ces deux pages mettent en scène plusieurs aspects des institutions romaines. Comme le dit Sempronius Longus, lui-même et Cornelius Scipion – le père – sont des consuls et occupent à ce titre un rang politique élevé. Le consulat est en effet la magistrature la plus haute de la carrière publique romaine : tous les printemps, les citoyens élisent deux consuls pour un an qui sont chargés de la politique générale de Rome, dont la conduite de la guerre. Le pouvoir des consuls, l’imperium, de nature sacrée, est incarné par les licteurs que l’on trouve dans l’avant-dernière case : ces hommes qui sont théoriquement au nombre de douze suivent le consul en portant les faisceaux, symbole de puissance, et font exécuter ses ordres. Enfin, toute personne dont au moins un membre de la famille a été consul accède dès lors à la « noblesse » romaine : l’emploi du mot « nobles » par le traducteur est donc tout à fait approprié.
Le début de la bataille de la Trébie
Sempronius n’écoute pas les avertissements des deux Scipions et cherche à son tour l’affrontement contre Hannibal. Il faut dire que nous sommes à la fin de l’année 218 et que le mandat du consul s’achève bientôt : il espère donc terminer par une action d’éclat qui le distinguerait de ses pairs à Rome et au sénat. Hannibal a sans doute conscience de cela et exploite à son avantage les ambitions de Sempronius. Les deux armées se trouvent alors à proximité l’une de l’autre, séparées par le fleuve de la Trébie, rivière italienne qui se jette dans le Pô à hauteur de Piacenza.
Hannibal envoie sa cavalerie légère provoquer la légion romaine qui, sur les ordres du consul, se lance en trombe à la poursuite de l’ennemi carthaginois et nous pouvons voir sur cette double page l’armée romaine de Sempronius arriver au loin, tandis qu’un homme à cheval vient annoncer à Hannibal que l’ennemi a mordu à l’hameçon. Cet homme c’est Maharbal, un des principaux lieutenants d’Hannibal que ce dernier a placé à la tête de la cavalerie numide. Ces cavaliers, alliés de Carthage et recrutés en Afrique du nord, sont bien représentés par le mangaka : ils chevauchent sans selle, lancent des javelots sur leurs ennemis, portent un bouclier rond mais n’ont pas d’armure. Cette cavalerie légère mais robuste et courageuse est l’un des principaux atouts d’Hannibal qui s’en sert pour harceler l’ennemi et, plus encore, envelopper l’armée adverse. Le général carthaginois doit nombre de ses victoires à cette unité tactique. On retrouve également les éléphants, réduits sans doute à une vingtaine de bêtes à ce moment de la guerre. Une autre case nous présente les frondeurs des Baléares : tantôt mercenaires, tantôt sujets de Carthage, ces derniers constituent une infanterie légère chargée de faire pleuvoir des pierres sur l’ennemi avant le début de l’affrontement au corps à corps. Enfin, de manière globale, il faut préciser ici que l’armée d’Hannibal est composée de troupes extrêmement variées qu’Ad astra représente plutôt correctement. On trouve l’infanterie légère ibérique, venue d’Espagne et se battant au glaive. Sont présents en grand nombre des guerriers gaulois recrutés tout au long du trajet d’Hannibal à travers la Gaule du sud et le nord de l’Italie. Ces hommes sont généralement armés d’une épée longue, parfois d’une lance et portent un long bouclier ovale mais rarement une armure. Ils constituent des soutiens indispensables à Hannibal qui manque de troupes. Notons cependant que le manga tend à oublier le fait que l’armée carthaginoise compte également une redoutable infanterie lourde – sans doute du fait d’une idée commune selon laquelle Carthage n’a que des unités légères face à l’infanterie lourde romaine. On peut ainsi compter sur les guerriers Celtibères – des Celtes d’Hispanie – portant casque en métal, cotte de maille ou cuirasse à écailles et un grand bouclier ovale ; ou encore sur l’infanterie lourde libyenne, extrêmement bien protégée par une armure complète. Par ailleurs, Hannibal a pu ordonner à ses troupes de s’emparer de l’équipement des soldats romains morts au combat. Enfin, à côté de la cavalerie légère numide, on compte des cavaliers ibères, gaulois et surtout une cavalerie lourde libyenne capable de rivaliser avec les « chevaliers » romains.
Cette armée carthaginoise composite a pu être présentée comme plus indisciplinée et moins efficace qu’une légion romaine soudée où se côtoient citoyens romains et leurs alliés. Il y a sans doute d’inévitables difficultés de communication au sein de l’armée d’Hannibal entre les différentes unités venues de régions différentes, ce à quoi le manga fait parfois allusion. Toutefois, le commandement d’Hannibal aurait réussi à surmonter ces désavantages pour deux raisons. D’une part parce que le général carthaginois, par ses stratégies élaborées, aurait réussi à exploiter au maximum les atouts de chacune des unités différentes de son armée. D’autre part du fait qu’Hannibal gagne le respect de ses troupes : il a grandi au milieu des soldats et des fatigues de la guerre, sans doute appris les rudiments de la langue de chaque ethnie présente, et il cultive un immense charisme du chef. Les auteurs de l’Antiquité ont pu ainsi s’étonner qu’aucune mutinerie n’ait éclaté dans son armée.
Les 5 premières planches du tome 1 :
Ad Astra TI. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 228 pages. 7,90 €
Ad Astra TII. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 194 pages. 7,90 €
Ad Astra TIII. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 210 pages. 7,90 €
Ad Astra TIV. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 178 pages. 7,90 €
Ad Astra TV. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 200 pages. 7,90 €
Ad Astra TVI. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 204 pages. 7,90 €
Ad Astra TVII. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 210 pages. 7,90 €
Ad Astra TVIII. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 192 pages. 7,90 €
Ad Astra TIX. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 200 pages. 7,90 €
Ad Astra TX. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 200 pages. 7,90 €
Ad Astra TXI. Mihachi Kagano (scénario et dessin). Sébastien Ludmann (traduction). Ki-oon. 200 pages. 7,90 €