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Stéphane Dubreil

7 mars 2024
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Le droit à l’avortement, un sujet ancien dont s’est emparée la BD historique

Trois moments de l’histoire des femmes, trois albums sortis récemment, résonnent avec l’actualité et l’inscription de la garantie de liberté d’avortement dans la Constitution. Des accoucheuses du XVIIe siècle à Cologne en passant par les premières sage-femmes, femmes de science, au XVIIIe siècle jusqu’au procès de Bobigny, ces trois albums rappellent opportunément que la garantie d’un accouchement ou d’un avortement sécurisé est un acquis récent qu’il faut protéger contre les obscurantismes.

L’Herbe du diable

Cologne, 1630, Justina est connue pour être une sage-femme, une ventrière expérimentée et efficace. Elle a appris ce qu’elle sait d’une autre femme, Adélaïde. Ces femmes transmettent leur savoir oralement à celles qui les assistent. Les hommes sont exclus de la pratique, l’époque considère que seules les femmes qui ont eu des enfants sont à même d’aider leurs congénères. Leur importance dépasse la seule assistance qu’elles portent à celles qui accouchent. Elles peuvent baptiser les bébés morts nés, elles inscrivent les survivants à l’état civil paroissial, elles sont souvent désignées comme marraine des enfants. Dans la société d’Ancien régime, ces fonctions sont vitales. Un enfant non baptisé ne peut accéder au paradis, un enfant qui n’est pas recensé dans les registres paroissiaux ne peut faire reconnaitre ses droits à la succession et la marraine est sensée remplacer les parents s’ils viennent à disparaitre. Mais ces sages-femmes sont aussi expertes en herbologie et en potions destinées à soulager les douleurs de l’accouchement.

Elles sont aussi au cœur des querelles familiales. L’Eglise se méfie d’elles car elles détiennent des secrets comme celui des enfants adultérins. Certaines par leurs connaissances approfondies de la grossesse et de l’accouchement, sont capables de pratiquer des avortements. Il en faut peu pour que beaucoup se retrouvent au cœur de procès en sorcellerie, victimes d’un féminicide de masse qui a fait entre le XIVe et le début du XVIIIe siècle plus de 50 000 victimes dont environ 80% de femmes. La maîtresse de Justina, Adélaïde, périt sur le bucher car elle distille des potions, notamment de belladone, l’herbe du diable. La belladone peut être utilisée comme calmant mais ses feuilles et ses fruits contiennent un toxique hallucinogène. L’Eglise voit dans ces potions le philtre d’amour préféré des sorcières, la substance magique qui fait voler les balais. Enfin, les cataplasmes de belladone, appliqués sur les parties génitales, sont réputés pour être de puissants aphrodisiaques. Autant de raisons valables aux yeux des magistrats inquisiteurs pour poursuivre les accoucheuses. Cet album bien écrit au dessin convaincant parvient à mêler tous ces aspects pour raconter une histoire prenante.

Justina se sort d’un procès pour sorcellerie en retournant l’accusation, mais elle doit quitter la ville. Ce personnage est inspiré de Justina Siegemund (1636-1705) qui a écrit en 1690 le premier traité d’accouchement édité en Allemagne.

Portrait de Justina Siegemund
Le traité de Justina Siegemund, La Sage-femme de la cour, est un manuel pratique qui recense les différentes positions que peut prendre le fœtus et les meilleures façons de le faire naitre avec le moins de risques possibles. Ce traité sera réédité jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
Ces femmes accumulaient une expérience unique et précieuse qu’elles transmettaient à leurs apprenties. Comme dans la planche de son traité, Justina, dans la bande dessinée, utilise des instruments de son invention pour manipuler le bébé à naitre.

La Sage-femme du roi

1743, à Paris, l’Académie royale de médecine dispense des cours sur l’accouchement dans son grand amphithéâtre. Le public est exclusivement masculin, les femmes sont interdites dans ces lieux. Au même moment, en ville, une femme accouche assistée par une autre femme, Angélique du Coudray, sage-femme diplômée, renommée à l’expérience reconnue. Cet album décrit un moment de double bascule. La prise de pouvoir par les médecins, exclusivement des hommes, pour tout ce qui touche au corps. Les sage-femmes vont voir leur monopole disparaitre au profit des médecins accoucheurs. Ce siècle est aussi celui de la prise de conscience que l’expérience des matrones non diplômées, qu’on appelle habituellement, n’est pas suffisante pour assurer la survie des enfants et de la mère. La mortalité infantile est estimée, entre 1740 et 1789, à 270 pour 1000, soit 27 % (le taux actuel étant de 4 pour 1000). 1 La mortalité maternelle est elle aussi très élevée avec 12 décès pour 1000 naissance. 2 Ce risque est constant pour chaque accouchement. Mettre au monde un enfant au XVIIIe siècle est un moment qui présente de grands dangers. Les médecins y réfléchissent, cherchent des solutions qui vont venir en grade partie d’Angélique du Coudray. Malgré l’hostilité des matrones accoucheuses, aidée par des membres influents qui la sollicitent pour suivre leurs épouses, Angélique, munie d’une patente royale, entame un tour de France pour dispenser son savoir. Elle forme alors plusieurs milliers de sage-femmes et des centaines de chirurgiens. Ses élèves suivront la création de plusieurs maternités. Malgré un dessin un peu raide, cet album est passionnant du début à la fin, cette femme de science oubliée mérite bien cet hommage en bande dessinée.

Portrait d’Angélique du Coudray
L’Abrégé des accouchements est le manuel scolaire d’Angélique du Coudray
Pour former ses apprenties Angélique du Coudray a inventé « une machine à accoucher » qui « représentait le bassin d’une femme, la matrice, son orifice, ses ligaments, le conduit appelé vagin, la vessie, et l’intestin rectum. J’y joignis un modèle d’enfant de grandeur naturelle, dont je rendis les jointures assez flexibles pour pouvoir les mettre dans des positions différentes[,] un arrière-faix, avec les membranes, et la démonstration des eaux qu’elles renferment, le cordon ombilical, composé de ses deux artères, et de la veine, laissant une moitié flétrie, et l’autre gonflée, pour imiter en quelque sorte le cordon d’un enfant mort, et celui d’un enfant vivant, auquel on sent les battements des vaisseaux qui le composent. J’ajoutai le modèle de la tête d’un enfant séparée du tronc, dont les os du crâne passaient les uns sur les autres. » L’Abrégé des accouchements

Bobigny 1972

C’est l’album qui tombe au mieux pour saisir tous les enjeux et les avancées de l’inscription de la garantie de liberté d’avortement dans la Constitution. Le procès de Marie-Claire et de sa mère est bien connu. Cette très jeune fille a été violée, elle décide d’avorter avec le soutien de sa mère mais son violeur, pour se libérer d’une garde à vue, la dénonce. L’avortement est hors la loi, la police débarque au domicile des deux femmes et les embarque sans ménagement. Elles sont inculpées. L’affaire est grave. En 1972, 354 femmes sont condamnées pour avortement et la mère de Marie-Claire qui élève seule ses trois filles n’a pas les moyens de payer les frais du procès. Heureusement, elle découvre le livre de l’avocate Gisèle Halimi consacré à Djamila Boupacha, militante algérienne violée et torturée par des militaires français. Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, avec le soutien de l’association féministe Choisir élabore une stratégie originale et politique pour défendre les deux femmes mais aussi faire du procès une tribune pour la libéralisation de l’avortement.

L’interdiction de l’avortement en plus d’être un moyen de contrôle du corps et de la vie des femmes et aussi un outil d’oppression de classe. Payer une avorteuse coûte plusieurs mois de salaire d’une femme modeste comme la mère de Marie-Claire. Celles qui ont les moyens partent à l’étranger, en Suisse ou en Grande-Bretagne, pour avorter dans des conditions sanitaires et médicales sans communes mesures avec celles qui se pratiquent dans les arrières-cuisines, sur un coin de table avec des outils, aiguilles, sondes, dangereux pour la vie des femmes. Environ 300 000 femmes étaient blessées ou mutilées après ces avortements domestiques. Appelant à témoigner des hommes politiques, des scientifiques, des prix Nobel, des écrivains, des actrices, Gisèle Halimi réussit à faire comprendre aux juges que la loi est inapplicable, qu’elle criminalise des femmes dans la détresse.

L’issue est favorable à Marie-Claire et à sa mère. Elles sont relaxées. Le nombre de femmes condamnées passe à 67 en 1973, 10 en 1974 puis 13 en 1975. La loi Veil met un terme à cette législation. Militante féministe, Marie Bardiaux Vaïente livre un récit documenté, plein d’une chaude humanité. Les dialogues sont remarquablement écrits. Le cri de rage face à cette injustice est aussi un cri d’admiration pour Marie-Claire et sa mère, Michèle, qui ont eu le courage et l’énergie pour mener un combat très mal engagé. Le dessin de Carole Maurel est bouleversant, on sent qu’elle aime ces personnages et qu’elle en prend grand soin. Les deux autrices ont mis beaucoup d’elles-mêmes dans ce projet. Je défie quiconque de mettre en doute l’intérêt de la liberté d’avorter après cette lecture.

Retrouvez Marie Bardiaux Vaiente sur Art District Radio

1 La mortalité infantile en Europe occidentale au xviiie siècle. JC Sangoï in La petite enfance, dir. Robert Fossier. Ed. PUM, Toulouse, 1997

2 La mortalité maternelle en France au XVIIIe siècle. In Revue Populations, n°6, 1983. Hector Gutierrez Jacques Houdaille. Paris, 1983.

L’herbe du diable. 1630 – Une sage-femme à Cologne. Benjamin Laurent (scénario), Claire Martin (dessin). Éditions Jungle. 96 pages. 18 €.

La sage-femme du roi. Adeline Laffite (scénario), Hervé Duphot (Dessin, couleurs). Éditions Delcourt. 127 pages. 17,95 €.

Les premières planches :

Bobigny 1972. Marie Bardiaux Vaïente (scénario), Carole Maurel (dessin). Éditions Glénat. 192 pages. 25 euros.

Les premières planches :

Bobigny 1972
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Stéphane Dubreil

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