Alice Milliat, pionnière olympique, un pas vers la présence des femmes aux JO
Dans deux ans, les Jeux olympiques auront lieu en France. Sportives et sportifs du monde entier s’affronteront et se mesureront dans différentes disciplines. Pendant les mois qui mèneront vers cet événement, les polémiques ne manqueront certainement pas. Toutefois, il y a un fait qui ne fera pas débat : la présence des femmes dans la compétition *. Il n’en a pas toujours été de même. Avec Alice Milliat, pionnière olympique, Didier Quella-Guyot et Chandre évoquent le combat d’Alice Milliat pour la participation des femmes aux épreuves sportives. Une véritable lutte aujourd’hui complètement oubliée.
La collection “DocuBD” des éditions Petit à Petit s’enrichit régulièrement de nouveaux titres. Ainsi dans ses biographies de personnages célèbres faisant se côtoyer personnages historiques, grands auteurs et scientifiques, son nouveau titre présente une femme injustement méconnue du grand public, Alice Milliat. Pourtant, son parcours et ses actions ont certainement participé à l’acceptation des athlètes féminines, dans un premier temps en France et assez rapidement à l’international. Sportive et militante, elle marque de son empreinte l’émergence du sport féminin au cours de la première moitié du XXe siècle tant dans la démocratisation que dans la reconnaissance institutionnelle.
Le graphisme de Chandre et la construction chronologique sont assez classiques. Cependant, sans donner dans l’originalité et l’innovation narrative, l’ouvrage progresse linéairement et en fait une entrée possible pour découvrir ce personnage volontaire et atypique. Scénarisé par Didier Quella-Guyot, le récit s’appuie sur un journaliste de L’Auto, personnage fil rouge, témoin des difficultés et des réussites des démarches de la valeureuse pionnière. Il va la suivre de la fin de la Première Guerre mondiale ** à sa mort en 1957. Au cours de ses échanges avec elle, il va également présenter aux lecteur et lectrices les prémices difficiles du sport féminin.
Si de nos jours, dans la représentation du sport olympique, femmes et hommes semblent tendre à l’égalité et à la parité, le parcours a en effet été semé d’embûches. Alice Milliat est d’abord confrontée aux a priori et aux préjugés communément répandus au début du XXe siècle. Mais le milieu sportif institutionnel n’a pas été tellement plus facilitateur dans son combat. Le CIO, avec à sa tête le Baron Pierre de Coubertin, ne va pas être favorable (euphémisme !) à l’arrivée des femmes au sein des Jeux olympiques. Alice Milliat va donc devoir alterner entre diplomatie des petits pas, reculades forcées et coups d’éclat. Dans un premier temps locales, ses actions vont rapidement prendre un essor et avoir des répercussions nationales puis mondiales. Plus original et sans doute moins connu, un passage du livre est consacré à l’émergence d’une presse consacrée au sport féminin ***.
Entre chacun des dix chapitres, principe de cette collection, une parenthèse documentaire compilée et rédigée par Laurent Lessous permet d’approfondir différents aspects de l’émancipation des femmes, d’ordre général ou sous l’angle sportif (Chapitre II, Le sport et les femmes : une histoire contrariée). Ces double-pages sont également l’occasion de replacer les Jeux olympiques dans leur contexte historique (Chapitre IV, Jeux de pouvoir).
L’ensemble est de facture classique, dans la droite ligne éditoriale de la collection. Le destin et le parcours ambitieux d’Alice Milliat aurait peut-être mérité moins de retenue, ce qui aurait donné un poids supplémentaire au sujet. Malgré cela, la construction de l’album et sa lisibilité permettent d’en faire un document pédagogique, un déclencheur efficace pour une séquence en fin de primaire ou au collège sur cette thématique.
* : Même si la question se pose encore dans certains pays.
** : 28 avril 1918 : Premier cross féminin organisé en France par Alice Milliat
*** : Par exemple La femme sportive.
Alice Milliat, pionnière olympique. Didier Quella-Guyot (scénario). Chandre (dessin). Marie Millotte (couleurs). Laurent Lessous (pages documentaires). Petit à Petit. 64 pages. 16,90 euros.
Le 1er chapitre :
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