Amours fragiles T 7 : le complot contre Hitler en 1944
Le 20 juillet 1944, une bombe explose dans la salle de conférence du Repaire du loup en Prusse oriental à Rastenburg. La cible ? Adolf Hitler. La serviette qui contient les explosifs a été glissée sous la table par le colonel Von Stauffenberg, bras armé de ce dernier complot contre Hitler. Un officier déplace la serviette parce qu’elle le gêne et sauve la vie au maître du Reich. L’opération Walkyrie, nom de code du complot, a échoué. Telle est la toile de fond du tome 7 d’Amours fragiles où on retrouve Martin, jeune officier allemand amoureux d’une compatriote israélite, que l’on suit depuis 1938, de la France au front de l’Est, mêlé de très près à l’opération Walkyrie.
Martin Manher, officier allemand mais antinazi, est en convalescence en Pologne. Il rencontre Fredi, fils du général Ott, avec lequel il se lie d’amitié. Le général à la retraite intervient pour que Martin soit affecté à un état-major loin des combats. Le nouveau patron de Martin, un colonel, convaincu par les sentiments antinazis de Martin, lui confie que se prépare un attentat contre Hitler. Devenu intime de la famille de Fredi, lui même très impliqué dans le complot, Martin tombe amoureux de sa sœur Hilda. Martin doit transporter et remettre à un complice une serviette remplie de documents sur le complot mais il a un accident de voiture et la serviette disparait. Arrive le 20 juillet 1944 et l’attentat contre Hitler.
Cette tentative de juillet 1944 n’était pas la première mais toutes ont échoué par manque de conviction ou de chance comme celle tentée pendant la visite du Führer à Smolensk en 1943. La bombe placée dans son avion n’explosera pas. Le 20 juillet à Rastenburg, le colonel Von Stauffenberg ne tue pas Hitler. De peu certes mais c’est un vrai échec. L’armée refuse de bouger car le Führer n’est pas mort. Il y a pourtant des généraux importants dans le complot et toutes les mesures ont été prises, dont le blocage des communications. A Paris, à l’annonce de la mort supposée d’Hitler, le général Stülpnagel fait arrêter un millier de SS. A Berlin, les généraux Olbritch et Tresckom s’appuient sur le général Fromm commandant les réservistes mais qui lâche le complot quand il apprend que Hitler est vivant.
Dès lors c’est la panique et la débandade, une confusion extrême. Dans Amours fragiles, Fredi doit se cacher à cause de son implication. Sa famille dont sa sœur est arrêtée par la Gestapo. Martin recueille Fredi chez lui à Berlin et s’engage à lui trouver des faux papiers pour passer en Suisse. Mais la Gestapo resserre son filet autour des conjurés. Dans la réalité, la SS sous les ordres de Karlternbrunner rafle les conjurés. La répression est terrible. 5000 personnes, militaires et civils, sont exécutées par la Gestapo et la SS, dont l’amiral Canaris ou le maréchal Rommel, forcé au suicide bien que rien ne prouve qu’il ait été partie prenante du complot. Des parodies de procès ont lieu et les condamnés sont pendus à des crocs de boucher, leurs familles envoyées dans des camps.
A quoi a servi finalement cette ultime tentative d’assassinat contre Hitler en 1944 ? A pas grand chose car les Alliés ont débarqué en Normandie le mois précédent. Que serait-il arrivé si Hitler était mort ? Vraisemblablement une tentative pour signer une paix séparée et la guerre écourtée à l’Ouest. Le rêve d’une partie de la Wehrmacht était aussi de pouvoir se retourner, aidé par les Américains, contre les Soviétiques. Et de sauver ce qui pouvait encore l’être. Mais les Alliés voulaient une capitulation sans conditions de l’Allemagne. De plus, l’infrastructure policière et répressive du Reich était intacte. Claus Von Stauffenberg a sauvé l’honneur mais bien tard, en désespoir de cause. L’armée avait joué à fond depuis 1933 la carte du nazisme, certes parfois du bout des lèvres mais sans vraiment d’états d’âme.
Amours fragiles avec un très bon dessin de Jean-Michel Beuriot reprend parfaitement et en détail l’ambiance de l’Allemagne en 1944 sur fond de documentation haut de gamme. Philippe Richelle a parfaitement argumenté et modulé son scénario. On lira aussi son excellent ouvrage sur la jeunesse de Mitterrand.
Amours fragiles T7, En finir. Philippe Richelle (scénario). Jean-Michel Beuriot (dessin). Domnok (Couleurs). Casterman. 56 pages. 15,50 €
Les 5 premières planches :