Hagard, enquêteur de l’Histoire, un garçon du futur chez les Gallo-romains
La bande dessinée semble bien être un moyen moderne, ludique et efficace pour transmettre des connaissances historiques. Les Editions de la Gouttière le démontrent une fois de plus avec cette nouvelle série intitulée Hagard, enquêteur de l’Histoire et ce premier volume réalisé par Mathieu Lavallée et Greg Blondin sur une idée de Gilles Prilaux, et consacré aux Gaulois, à leur histoire et leurs coutumes.
Cette chronique est la neuvième d’une série de dix sur les bandes dessinées dont l’action se situe pendant l’Antiquité romaine. Elle s’inscrit dans les événements organisés en 2022 pour les dix ans du Muséoparc Alésia. Elle est publiée sur et sur
La recette est bien connue. Prenez un gentil petit garçon, curieux, intelligent, qui a une jolie copine espiègle et énergique qui le protège d’une bande de brutes. Ajoutez à tout cela une petite tendance à l’endormissement qui produit des rêves historiques, le tout emballé dans un cours d’histoire donné in situ, vous voilà devant un parfait enquêteur de l’Histoire.
Hagard a de la chance, il vit dans la Somme où abondent les vestiges gaulois et gallo-romains. Sa maitresse emmène ses classes visiter les musées, les centres d’interprétation et les sites archéologiques.
Hagard a de la chance car il vit près de Ribemont-sur-Ancre. Ce lieu a été habité sans discontinuité pendant 600 ans et permet donc de raconter l’Histoire des Gaulois devenus romains. L’album est divisé en trois parties qui suivent la chronologie. A chaque fois, Hagard semble se réveiller au milieu du village, parmi les habitants. Une jeune fille est là pour l’accueillir, lui sauver la vie et l’emmener dans sa famille. Commence alors la découverte des trois mondes bien différents qui vont transformer le village de hutte en ville romaine.
Le premier sommeil du jeune garçon l’emporte en 220 av. J.C. Il se réveille et rencontre la jeune Cleis qui propose de l’emmener dans sa famille. Cette immersion dans la population permet aux auteurs d’énumérer des idées préconçues, déjà bien revues par le Muséoparc, puis de les remettre en ordre à l’aide d’explications in vivo. Qui mieux qu’un Gaulois pour expliquer qu’il ne mange pas de sanglier, qu’ils sont de fantastiques forgerons ou des agriculteurs expérimentés ? Ce Gaulois est un homme important, un chef qui pourra aussi expliquer à Hagard les secrets de l’art de la guerre chez les Gaulois.
A la fin de son second sommeil, il se retrouve en 20 ap. J.C. Son arrivée ne passe pas inaperçue. Il déboule en pleine procession religieuse. Il renverse les offrandes, est poursuivi par la foule mais est sauvé par Clélia, descendante de Cléis. Cette jeune Gauloise fait partie d’un groupe de résistants à la romanisation. Ce chapitre est l’occasion d’expliquer comment Rome s’est installé en Gaule et comment les Gaulois ont commencé à adopter les coutumes et la façon de vivre des envahisseurs. Plein d’humour, les auteurs imaginent une guéguerre entre collabos et résistants, deux bandes d’enfants qui mettent de l’animation dans le village.
Et voici Hagard qui se réveille en 220 ap. J .C. Cette fois, le village qu’il a connu à ses débuts est devenu une petite ville totalement romanisée. Le jeune garçon se retrouve tout habillé dans les thermes. Chassé par les baigneurs, c’est Clea qui le sauve, lui donne des habits secs et propose de lui faire visiter la ville, depuis les thermes, qu’il connait déjà, jusqu’au temple et au petit théâtre. Le jeune garçon constate que la vie à la mode gauloise est bien loin.
Chaque partie se conclut sur une double page historique. L’archéologue de papier, qui est en fait Gilles Prilaux, archéologue conseil scientifique de la série, reprend des cases de l’album et explique avec des mots simples les notions que les enfants ont découvertes ici. Il donne aussi beaucoup d’informations sur le métier d’archéologue et sur l’importance de conserver en bon état notre passé pour pouvoir l’étudier.
Le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre date du IIIe siècle av. J.C. Il est accolé à un village et on y a retrouvé des monnaies grecques, des armes, des objets de la vie quotidienne notamment lié à l’agriculture et des dizaines de squelettes sans tête, bien rangé pour former un grand carré. Cette disparition reste encore un mystère. Les archéologues pensent que ces têtes étaient conservées comme des trophées puisque les traces montrent qu’elles étaient tranchées après la mort de leur propriétaire. L’intérêt historique de ce site est qu’il est resté occupé durant cinq siècles. Les historiens et les archéologues peuvent donc étudier l’évolution du village et l’implantation des monuments qui s’empilent les uns sur les autres. Les découvertes donnent l’occasion de comprendre les changements de modes de vie, d’outillages, de nourriture. Ce premier volume d’un collection prometteuse est une bonne introduction à l’histoire pour les plus jeunes.
Hagard, enquêteur de l’Histoire T1 Le mystère des coupeurs de têtes. Mathieu Lavallée (scénario, sur une idée originale de Gilles Prilaux). Greg Blondin (dessin). Manon (couleurs). Editions de la Gouttière. 46 pages. 12 euros.
Les neuf premières planches :