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Capitaine Kosack

16 décembre 2022
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  • Époque contemporaine
  • XIXe siècle
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Hoka Hey ! Être ou ne plus être un Indien lakota à l’aube du XXe siècle

La nature sauvage et grandiose du Dakota sert de décor au parcours initiatique de Georges, un jeune Indien né dans la réserve de Pine Ridge avant d’être arraché aux siens pour être nourri de sermons bibliques. Dans Hoka Hey !, ce qui fut le cri de guerre* du grand chef lakota Crazy Horse résonne dans la tête de ce plus que papoose déchiré entre son ambition d’intégrer le monde des Blancs et la révélation progressive de ses origines par Little Knife, un guerrier lakota idéaliste, lui-même en quête de vengeance. Dans cet album magnifique, Neyef pose l’éternelle question de l’être et du devenir, de la liberté qu’on revendique pour soi et de la fidélité qu’on doit à ses ancêtres.

À l’heure où le secrétaire général de l’ONU déclare en ouverture de la COP 15 sur la biodiversité qu’il est temps pour l’Humanité, « arme d’extinction massive », de « cesser [sa] guerre à la nature », comment ne pas établir un parallèle avec la prédation généralisée qu’une partie de cette Humanité a imposé aux peuples autochtones depuis ce que l’historiographie européenne continue de nommer « grandes découvertes » ? Comment ne pas penser aux nations amérindiennes inlassablement spoliées de leurs terres, coupées méthodiquement de leurs racines, empêchées de vivre dans la communion avec la Nature dont elles n’ont cessé de proclamer le statut de matrice universelle ?

Depuis de nombreuses années déjà**, le 9e art offre une vitrine privilégiée pour raconter ce que furent les souffrances et les blessures infligées aux Amérindiens (ou « premières nations » canadiennes). Aux États-Unis, l’acmé de la lente mais inexorable dépossession de leurs terres pour qu’elles deviennent propriétés des colons blancs pourrait être l’année 1890. Celle-ci s’achève, en effet, par l’un des épisodes les plus sanglants et les plus emblématiques de la glorieuse conquête de l’Ouest. Sous la conduite de leur chef Big Foot, plusieurs centaines de Sioux Lakotas Minniconjous se mettent en route pour rejoindre la réserve indienne de Pine Ridge, à la frontière entre le Dakota et le Nebraska, créée un an plus tôt par le gouvernement fédéral. Le cortège constitué d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards campe en chemin, à Wounded Knee Creek. Là, sous un prétexte fallacieux cachant à peine leur soif de vengeance, plusieurs centaines de soldats de l’armée états-unienne encerclent puis massacrent à la mitrailleuse les Indiens pour la plupart sans défense. Leurs cadavres, dont celui de Big Foot, sont jetés dans une fosse commune alors que les soldats tués reçoivent les honneurs militaires. Bien que cela ne soit pas explicitement dit, l’histoire du jeune Georges, le héros de l’album de Neyef, trouve ici son douloureux point de départ.

Georges fait désormais partie de la bande de Little Knife et chevauche dans les superbes et démesurés paysages des Hautes Plaines

Qui es-tu, petit d’homme, qui entres en scène en psalmodiant à tue-tête des versets de la Bible pour remercier ton dieu nouveau de la beauté du monde ? Comme tous les enfants, tu as l’excuse d’ignorer ce qui s’est passé avant toi sur les terres de tes ancêtres***. Celui que tu considères comme ton mentor, le pasteur, qui devise tranquillement avec sa jolie maîtresse avant le pique-nique, le sait bien, lui. Il sait qu’une « confiscation de vivres » calme vite « les caractères belliqueux » de la réserve indienne dont il a la charge (page 7). Celui qui survient théâtralement peu après, portant des peintures de guerre rouge sur le visage, sait trop bien lui aussi, que les rations distribuées à ses congénères sont rares ou « à moitié pourries ». Escortant ce Little Knife énigmatique à la recherche d’un homme blanc (dont on apprendra plus tard qu’il s’agit de son père), la mystérieuse No Moon au visage dissimulé derrière un foulard et l’Irlandais Sully complètent ce gang de justiciers d’un genre inédit, qui découvre fortuitement qu’un chasseur de primes impitoyable les poursuit.

Little Knife à la recherche de son père est lui-même poursuivi par un chasseur de primes. Sa tête de bandit sioux vaut 2500$ de récompense : deux bonnes raisons pour le ramener plus mort que vif.

Ce bounty hunter à leurs trousses, au regard acéré et au verbe tranchant, révèle bientôt leurs exploits au commerçant qui tient un comptoir et qui a pu mesurer leur détermination lors d’une fusillade dans son établissement. Il se dit que « le gang de Little Knife pille tout ce qui appartient à des Blancs entre le Wyoming et le Dakota », surtout « les compagnies minières » et « les compagnies ferroviaires qui scarifient les plaines » (page 67). Et pourquoi agissent-ils ainsi ? Pour un idéal de justice et par soif de vengeance : une fois l’argent dérobé, ces « don Quichotte peau-rouge » (page 210) brûlent leur butin. Le hasard (ou la providence ?) a rendu Georges témoin gênant du sort définitif que Little Knife a réservé au pasteur. Pour s’assurer de sa discrétion, la bande l’embarque donc dans son odyssée. Après une courte phase de méfiance réciproque, la bande et l’enfant s’adoptent mutuellement. L’initiation d’un jeune Lakota par celui qui aurait pu être son grand frère peut commencer. Cet album raconte cette quête dont le jeune héros n’imaginait ni la profondeur ni la violence.

Nez ou langue coupés, crânes scalpés ou défoncés, viols, éliminations des blessés de sang froid : dans cet album, bâti sur le thème de la vengeance et d’une forme de rédemption, la Winchester, le colt ou le poignard closent souvent de manière cinglante les rencontres impromptues. Mais Neyef ne peut être taxé de vouloir rougir de sang chacune de ses pages. Dans le Far West, en effet, l’hostilité de la Nature et les rivalités entre toutes ses communautés d’habitants engendrent des réflexes de survie qui laissent peu de place à la pusillanimité ou aux sentiments chevaleresques. Bref, l’Ouest est sauvage, dans tous les sens du terme. Et cette « sauvagerie » ne peut s’évoquer sans une certaine brutalité, dont la violence est la fille ou la compagne.

Un découpage hyper-cinématographique pour transporter le lecteur au cœur des grands espaces sauvages.

Une fois cet aspect de l’œuvre révélé****, comment ne pas succomber à sa force et à sa beauté ? Neyef maîtrise son histoire de bout en bout. Ses personnages haut en couleurs rappellent avec justesse certains destins « ordinaires » du Far West. Qu’ils soient Indien métis renié par son père, Indienne châtiée cruellement pour adultère, Irlandais chassé de son île par une énième famine, chasseur de primes sans pitié, qu’ils soient les uns ou les autres passés par les wild west shows***** (comme le confesse Little Knife, page 70), qu’ils soient pasteur dévoyé ou chirurgien repenti des horreurs prodiguées lors des guerres indiennes, tous contribuent à l’éducation lakota du jeune Georges. Jusqu’au bout, cet enfant promis aux études peut rêver de mettre ses pas dans ceux de Susan La Flesche Picotte******, la première étudiante d’ascendance indienne diplômée de médecine en 1889 (page 202). Son destin repose aussi sur la volonté du grand Manitou.

Au grand chef sioux lakota Sitting Bull qui déclarait que « La Terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la Terre », Little Knife répond, en écho : « La Nature et nous ne formons qu’un tout. C’est nous qui appartenons à la Nature, pas l’inverse » (page 80). Sans illusion sur son avenir, mû par une haine parricide, il n’oublie cependant pas qu’en tant qu’Indien, son devoir est d’instruire Georges sur ses véritables racines et sur la place crépusculaire des civilisations primitives dans la cosmogonie. D’un bout à l’autre de cet album, on chemine au pas contemplatif ou au galop de la révolte, et les paroles, gestes et rituels lakotas valent bien tous les décalogues.


Toutes les images (c) Neyef – Rue de Sèvres


* : Ce cri de guerre en langue sioux, qu’on peut traduire par « En avant ! » débute une sentence célèbre dont la seconde partie est plus souvent citée : « Today is a good day to die » (c’est un beau jour pour mourir). Dans son entièreté, cette phrase résume bien la bravoure et la lucidité du chef sioux, conscient comme beaucoup de ses pairs de l’inéluctable sort des tribus indiennes épuisées par l’invasion des colons blancs soutenus par la machine de guerre du gouvernement des États-Unis.

**: Une liste de 80 titres, disponible à cette adresse, fait se rencontrer du beau monde, tous publics confondus. Goscinny, Uderzo, Derib et Cauvin y côtoient Prugne, Pratt, Manara, Charlier, Giraud, Cothias, Juillard, Beaudoin mais aussi Ethan Hawke et Greg Ruth, dont le Indeh a été chroniqué sur Cases d’Histoire. Plus récemment, Tiburce Oger a scénarisé deux albums parus chez Bamboo, collection Grand angle, Go West young man (2021) et Indians (2022) dans lesquels plusieurs dessinateurs illustrent des épisodes de la colonisation de l’Ouest et les ravages engendrés par les exactions des Blancs.

*** : En quelques décennies ponctuées de lois coercitives, de guerres préventives ou punitives après d’inévitables soulèvements, les nations indiennes à l’agonie finissent parquées dans des réserves. Dès 1824 est créé le BIA, (Bureau of Indian Affairs), chargé des relations entre le gouvernement fédéral, les États et les autorités des tribus indiennes. D’abord placé sous l’autorité du War Department, il bascule en 1849 sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. En 1830, l’Indian Removal Act (Loi sur le déplacement des Indiens) ordonne la migration de tous les Indiens vivant à l’Est du Mississippi vers l’Ouest, vers les Hautes Plaines. Par la suite, le gouvernement fédéral promulgue plusieurs traités assez respectueux des droits des Indiens mais qui deviennent caduques à mesure que la boulimie de terres grossit chez les colons blancs. Ainsi, trois lois agraires (Homestead Act de 1862, Indian Appropriation Act de 1871 et Dawes General Allotment Act de 1887) privent peu à peu les Indiens de leurs droits fonciers par expropriations sournoises ou brutales.

**** : On pourra aussi regretter le choix des phylactères arrondis qui ont conduit à une police assez petite rendant la lecture parfois difficile.

***** : Les wild west shows sont des spectacles populaires mettant en scène sous un chapiteau des épisodes de la conquête de l’Ouest revue et corrigée à la sauce du vainqueur répandant la civilisation. Des acteurs indiens ou métis sont souvent recrutés pour des numéros de tirs, de poursuites à cheval, des chevauchées de bisons ou des attaques simulées de diligence. La plus célèbre compagnie fut celle créée par William Cody, alias Buffalo Bill, en 1883. En 1889, cette troupe traverse l’Atlantique pour se produire à Paris, lors de l’Exposition universelle. Un riche dossier est à lire ICI.

****** : Pour plus de précision, voir ICI.


Hoka Hey !. Neyef (scénario, dessin et couleurs). Rue de Sèvres. 224 pages. 22,90 euros.


Les dix premières planches :

 

  • Capitaine Kosack
  • Thierry Lemaire
5
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