Un pape dans l’Histoire, une nouvelle collection mi figue mi raisin sur les souverains pontifes
Après le succès de la collection Ils ont fait l’histoire, coéditée avec les Editions Fayard, Glénat se lance dans un nouveau projet au long cours avec les éditions du CERF. Saint Pierre et Léon le Grand sont les premiers élus de la série Un pape dans l’Histoire.
Le projet est original et prometteur. Huit papes couvrant toutes les époques sont déjà programmés avec des duos scénariste/dessinateur expérimentés même si beaucoup n’ont pas fait toujours preuve d’originalité. Le projet est porté par un éditeur catholique et un journaliste, Bernard Lecomte, spécialiste de la papauté contemporaine. Les auteurs sont eux-mêmes chaperonnés par un religieux, un frère dominicain. On sait que cet ordre est très engagé dans l’éducation et la connaissance.
Cet attelage donne tous les gages de réussite et pourtant, à la lecture des deux premiers volumes, nous avons été déçus. Léon le Grand raconte de façon linéaire comment ce prélat s’est opposé, en 452, à Attila qui menace Rome et surtout, comment il parvient à imposer sa personne et son Église face à un monde romain qui se dilue peu à peu. L’album est sans surprise un panégyrique du Saint homme. Le monde qui l’entoure est binaire, les barbares font face à des Romains décadents incapables de s’unir et sans chef. Léon toujours de blanc vêtu et souvent vu en contreplongée fait exception par sa foi qui lui donne courage et clairvoyance. Il réussit à convaincre le chef des Huns à repartir sans heurts. L’épisode se répète quelques années plus tard quand Genséric et ses Vandales prennent Rome. Cette fois, Léon ne peut éviter le pillage. Rome est saccagée mais de nombreuses vies sont sauvées.
On n’en apprend pas beaucoup plus que dans une bonne fiche Wikipédia. C’est dommage, sans compter de très nombreux anachronismes et bizarreries dans les décors ou le quotidien des hordes qui accompagnent Attila.
Le second album, consacré à Saint Pierre, est bien plus intéressant par le parti pris scénaristique développé par Pat Perna et la qualité du dessin de Marc Jailloux. Les auteurs partent de la mort du saint et d’un tableau du Caravage qui le montre crucifié la tête en bas. Si le premier pape est bien le sujet de l’album, les deux auteurs placent à ses côtés un second personnage, un soldat romain attiré par le christianisme. Pierre se confie à lui durant son agonie. Il raconte, par une succession de flash-back, sa vie avant et après sa rencontre avec Jésus. Il met en avant sa foi au travers de ses espoirs sans rien dissimuler de ses doutes. Le dialogue de ces deux hommes entourés par une escouade de légionnaires très hostiles et moqueurs donne de la chair à Pierre. Il n’est pas le surhomme touché par la grâce. Pat Perna nous convie a assister à une sorte de pièce de théâtre, de huis clos au milieu d’une arène alors que Rome se remet à peine du grand incendie. A la lecture, on sent aussi que la vulgate catholique est passé par là. Le scénario semble partir dans des directions inattendues mais il est rattrapé par ce qu’il est possible de dire ou d’écrire quand on est supervisé un dominicain chatouilleux sur la doctrine.
Espérons que les prochains tomes auront la même force que ce Saint Pierre et que la version officielle de l’histoire de la papauté sera moins écrasante.
Saint-Pierre. Une menace pour l’Empire romain. Pat Perna (scénario). Marc Jailloux (dessin). Glénat. 56 pages, 14,95 €
Léon le Grand. Défier Attila. France Richemond (scénario). Stefano Carloni (dessin). Glénat. 56 pages, 14,95 €