Une Maudite! Première Guerre mondiale en exposition à Douai
Il vous reste encore une grosse semaine pour vous rendre à la bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore de Douai. Vous y verrez l’exposition “Maudite !” qui entremêle planches tirées du recueil de bandes dessinées éponyme, œuvres de Félix Del Marle et Lucien Jonas, et témoignages en tout genre. L’occasion de comparer les regards sur le conflit, à cent ans d’intervalle.
A la fin de l’année dernière, Cases d’Histoire vous avait parlé de Maudite !, un recueil de récits de bande dessinée publié par L’Association. Une vingtaine d’auteurs belges, italiens, allemands et français (sans compter JM, un soldat anglais qui dessina sur le vif pendant la guerre) s’étaient penchés sur la Première Guerre mondiale avec chacun une vision particulière, dictée par son expérience familiale, ses souvenirs et sa nationalité. Au total, 27 récits ou illustrations donnaient un panorama du ressenti actuel d’un événement qui façonna le reste du XXe siècle.
Initiée par l’association Case Band (association douaisienne qui crée des événements culturels liés à la bande dessinée, et qui avait d’ailleurs organisé une exposition de bande dessinée l’année dernière au même endroit), l’exposition “Maudite !” présente cette idée de transmission de la mémoire dans la bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore de Douai. Sont ainsi exposées des planches originale de David B. (dont est tirée l’affiche), Arne Bellstorf, Karine Bernadou, Jochen Gerner, Raphaël Gromy et Emmanuelle Amann, Stéphane Mercier et Frederic Verry.
Mais l’exposition ne se limite pas à la présentation de témoignages qui nous sont contemporains. Grâce aux collections de la bibliothèque de Douai, du musée du dessin et de l’estampe originale de Gravelines et des archives diocésaines de Cambrai, un certain nombre de documents de l’époque de la Grande Guerre s’entremêlent aux œuvres modernes. Les dessins et peintures de Lucien Jonas (1880-1947)*, né à Anzin dans la banlieue de Valenciennes, offrent la vision d’un artiste envoyé sur le front par l’armée pour produire des images à des fins de propagande. Le patriotisme et la promotion de l’héroïsme sont donc sans surprise les leitmotivs de dessins par ailleurs d’une grande force évocatrice. Le peintre Félix del Marle (1889-1952)**, né à Pont-sur-Sambre dans le département du Nord, était lui, au contraire, un pourfendeur du discours dominant de l’époque. Mobilisé, il publia en 1916 le journal anti-militariste Tac à Tac Teuf Teuf, et s’employa à replacer l’homme au centre des enjeux de la guerre de tranchées.
Au milieu de toutes ces œuvres, d’autres documents viennent compléter ces visions artistiques. Un guide Michelin des sites dévastés publié en 1919, des journaux intimes (de l’architecte Henri Sirot – 1868-1951 – né à Valencienes), des cartes postales, des recueils (de l’auteur dramatique André Obey – 1892-1975 – né à Douai, ou de l’homme politique André Canivez – 1887-1970 – né à Escaudin dans le Nord), et des témoignages de soldats, donnent encore une autre couleur à cette riche et émouvante évocation où le dessin a la part belle.
* Peintre militaire attaché au musée de l’Armée en 1915, peintre officiel de la Marine en 1916, il parcourt le front, réalise les portraits de généraux et produit des centaines de dessins qui paraitront dans la presse (notamment L’Illustration et Lecture pour tous).
** Proche d’Apollinaire, il adopte en 1913 les préceptes futuristes, puis de l’abstraction après 1924.
“Maudite !”, bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore, 61 parvis Georges Prêtre 59500 Douai, jusqu’au 26 mai
Entrée gratuite
Photos (c) Yann Stenven
Quelques vue d’ensemble :