Yin et le dragon, la guerre sino-japonaise à portée des enfants
Comment raconter à des enfants une abomination telle que l’attaque de Shanghai par les Japonais en 1937 ? C’est le pari qu’ont relevé Richard Marazano et Xu Yao avec ce très bel album.
Si les albums de bande dessinée historique sortent en nombre, très peu peuvent être mis dans les mains d’enfants d’une dizaine d’années. Dans Yin et le dragon, Richard Marazano et Xu Yao se sont attaqués à un gros morceau : la prise de Shanghai par l’armée japonaise entre août et novembre 1937, terrifiante bataille urbaine que certains ont surnommée la Stalingrad asiatique. Dans cette phase de la conquête de la Chine continentale, l’armée japonaise a fait preuve d’une sauvagerie et d’une cruauté rarement vues dans l’Histoire de la guerre. Massacres de civils, exécutions, tortures, mise en esclavage de femme ont rythmé l’avancée des soldats et horrifié les quelques correspondants de presse ou diplomates en poste en Chine.
Bien sûr, il n’y pas toutes ces horreurs dans les pages de Yin mais tout est dit, suggéré comme un mal qui rôde et qui va tout envahir. Nous avons rarement lu un récit de guerre qui montre aussi peu et qui dit autant en passant par la forme du conte. L’histoire prenante de Richard Marazano est formidablement servie par le dessin expressif de Xu Yao, entre réalisme et fantastique. L’ambiance est tendue du début à la fin mais c’est la douceur, la gentillesse et la bienveillance qui domine entre les protagonistes de l’histoire.
La petite Yin vit avec son grand-père dans un grand hangar. Pour subsister, ils pêchent dans la mer, aidés par un mystérieux dragon d’or qui vit avec eux, caché. La situation bascule quand un officier japonais découvre l’animal, que des enfants des rues les rejoignent et qu’un monstre mystérieux détruit plusieurs vaisseaux de guerre et des avions de chasse de l’armée impérial. Tous ont l’ordre d’évacuer la ville mais Yin revient retrouver son dragon et fuir la guerre qui encercle la ville. Il va enfin raconter son histoire et révéler pourquoi il est parmi les hommes simples alors qu’il faisait partie de la grande garde des dragons magiques. Le salut viendra d’un affrontement annoncé entre Guang Xinshi, le dragon d’or que cache Yin, et Xi Qong, le grand dragon noir sortant des profondeurs, inspirateur des fascistes japonais, dont le rêve est de détruire l’humanité.
Yin et le dragon T2, Les écailles d’or. Richard Marazano (scénario). Xu Yao (dessin et couleurs). Rue de Sèvres. 60 pages. 14€
Les 5 premières planches :
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