Angel Wings : 1944 sur le front birman avec les convoyeuses de l’air US
Après les As de 14-18 dans Le Pilote à l’Edelweiss, Yann et Romain Hugault sont revenus à leurs premiers amours, l’aviation pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le tome 2 de Angel Wings, on rejoint le front de Birmanie en 1944 où le 89th Fighter Squadron se bat contre les Japonais. Pour cet épisode moins connu que celui des fameux Tigres Volants de Chennault ou des Corsairs de « Pappy » Boyington, Yann a ajouté en prime un bel hommage aux pilotes convoyeuses de l’air américaines, les WASP, qui n’auront pas droit après la guerre à la reconnaissance à laquelle leur courage et leur abnégation leur permettaient de prétendre.
Les WASP (Women Airforce Service Pilots) sont interdites sur le front. Mais par la faute de deux chasseurs japonais, Angela Mc Cloud, pilote d’un Dakota de ravitaillement, se retrouve piégée dans la jungle birmane sur l’aérodrome des Burma Banshees, une escadrille de P40 dont les nez sont décorés d’une tête de mort. Trop souvent attaquée, cette base de Banshees cache sûrement un traître qui informe la chasse japonaise. La routine pour le lieutenant Robbins Clower qui ne peut résister aux charmes d’Angela alors que débarque un C 46 avec à son bord la très belle Jinx, actrice et pin-up en tournée sur le front. Tous les pilotes sont aux petits soins de la jeune femme dont la troupe de comédiens et danseuses se retrouve bloquée avec les Burma Banshees. Mais le traître continue à sévir et les P40 se font abattre les uns après les autres, dont Clower lui-même. Angela va faire partie de l’équipe qui tente de le récupérer dans la jungle. De retour à Calcutta, Angela se remet en chasse du pilote qui a abattu par méprise sa sœur Maureen, pilote elle-aussi pendant leur formation aux États-Unis. Il piloterait un chasseur de nuit, le mythique P61 Black Widow. Pendant que sur scène Jinx fait son show devant tous les pilotes du coin, Angela va régler ses comptes mais aussi faire face à une cruelle vérité.
On est toujours bluffé par le dessin de Romain Hugault et la précision diabolique de la reconstitution historique, que ce soient les uniformes, les avions, les marquages ou les décors. Yann, qui est un vrai fana d’aviation, soigne particulièrement la documentation. Même en passant à la loupe toutes les cases, les plus pointilleux des spécialistes auront du mal à trouver une erreur. Et puis il y a le ballet aérien des P40, Thunderbolt, P38 Lightning et autre Black Widow, l’avion héros de ce tome 2, des merveilles auxquelles il ne manque pas un rivet. Côté scénario, Yann fait monter peu à peu la pression. Il part sur plusieurs pistes. On ne découvre que tardivement les motivations de la belle Angela dont le nom est peint sur l’avion de Clower baptisé désormais “Angel Wings”. Yann rappelle aussi le rôle important du tout nouveau service de renseignement américain, l’OSS (Office of Strategic Service), ancêtre de la CIA, qui va utiliser les ethnies birmanes contre les Japonais et les payer en opium. Une technique reprise aussi pendant la guerre du Vietnam. Et pour corser sa passion du détail historique, le scénariste introduit la Rose de Tokyo (en réalité une douzaine de Japonaises anglophones), qui tente à la radio de démoraliser ses ennemis yankees. Rien à dire donc sur la grande Histoire que Yann ne trahit jamais bien au contraire. Un tome 2 qui donne quelques réponses et relance l’action, ajoute un second personnage féminin, Jinx, à l’intrigue, et garde le pilote Clower en embuscade. Sans trahir le suspense, c’est au tour de la jungle birmane d’abriter la suite d’Angel Wings dans le tome 3 pour des aventures plus terrestres.
Angel Wings T2 Black Widow. Yann (scénario ). Romain Hugault (dessin). Paquet. 48 pages. 14 €
Les 5 premières planches :