L’Ambulance 13 aborde la Guerre de 14 par le Front d’Orient
Cap à l’Est pour l’équipe reformée de l’Ambulance 13. C’est le Front d’Orient qui attend le capitaine Bouteloup et ses subordonnés. Une fois de plus, les services de santé sont à l’honneur sous la plume de Patrice Ordas et Alain Mounier.
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On avait quitté l’Ambulance 13 démembrée, ses infirmiers éparpillés dans de nouvelles et différentes affectations, son lieutenant défiguré sur le front alsacien. Avec ce tome 7, tel le Phoenix qui renaît de ses cendres, le groupe médical se reforme fin 1918 avec à sa tête le même Bouteloup, chirurgien de son état, devenu capitaine. Mais cette fois, finies les tranchées françaises, direction le front d’Orient où la situation des Alliés est inquiétante au regard des événements qui se déroulent en Russie, du retrait de l’armée russe depuis janvier et donc de la fragilisation extrême du front de l’Est. Après le désastre des Dardanelles, l’heure a d’abord été à la réorganisation des troupes, puis aux offensives en Serbie et en Bulgarie pour atteindre à terme l’Autriche-Hongrie. Bouteloup et ses hommes se trouvent entrainés dans cette expédition et font donc le trajet Toulon – Thessalonique – Macédoine pour rejoindre le 1er régiment de chasseurs d’Afrique, commandé par le colonel de Lespinasse de Bournazel, présenté dans l’album comme un va-t-en-guerre dénué de tout sentiment. Rapidement, le groupe médical mobile du 1er RCA se rend compte que l’inconséquence du commandement n’est pas le seul obstacle qui leur est proposé. L’escarpement des montagnes qu’ils traversent et le climat peu amène – qui passe du soleil brûlant à la pluie glacée – donnent déjà du travail à l’unité de chirurgie avant même les combats.
Parallèlement au fil rouge de la percée des troupes françaises à travers la Bulgarie en direction du Danube, c’est d’abord le fonctionnement d’une antenne médicale en campagne qui est décrite. La difficulté d’exercer le métier de chirurgien ou de médecin, les cas de conscience lorsqu’il faut choisir qui sauver, le manque de matériel, l’afflux de blessés pendant l’assaut, et une masse de détails qui donnent une vraie réalité à la reconstitution. Mais ce sont les relations humaines à l’intérieur de ce groupe hétéroclite composé de diplômés en médecine, d’un aumônier, d’un légionnaire, d’un ancien membre des corps francs (unités spécialisées dans l’assaut des tranchées, à ne pas confondre avec les « nettoyeurs de tranchés ») qui donnent de l’épaisseur au récit. Les différences de classes sociales, le respect mutuel, les limites morales et les motivations de chacun, sont les pièces d’un puzzle psychologique parfaitement transcrit. La guerre n’est pas un moment comme les autres et les comportements des soldats au front s’en ressentent. Enfin, le lecteur ne restera pas insensible au fait que le 1er RCA dans lequel Bouteloup et ses hommes sont versés est un régiment de cavalerie. Dans un conflit qui a promu la technologique comme aucun autre auparavant, l’existence de troupes à cheval peut paraître totalement anachronique. D’autant plus lorsqu’il leur est proposé la traversée de massifs montagneux. On attend le tome suivant pour assister à la suite des événements de ce front d’Orient, épisode peu traité de la Première Guerre mondiale, exhumé par les auteurs de L’Ambulance 13.
L’Ambulance 13 T7. Patrice Ordas (Scénario). Alain Mounier (Dessin). Sébastien Bouët (Couleurs). Grand Angle. 48 pages. 13,90 €
Les 5 premières planches :