Le Rapport W, l’incroyable témoignage de Witold Pilecki, infiltré volontaire à Auschwitz (entretien vidéo)
Avec sa magistrale mise en images du Rapport W, Gaëtan Nocq plonge ses lecteurs dans la première période du camp d’Auschwitz, durant laquelle les prisonniers étaient polonais. Pour Cases d’Histoire, le dessinateur et Isabelle Davion, conseillère scientifique pour l’album, reviennent sur le contexte de cette incroyable histoire (vraie) d’infiltration volontaire dans un camp de concentration, et le processus de création du Rapport W.
Lorsqu’on parle d’Auschwitz, le public français pense immédiatement à la Shoah et aux images terrifiantes révélées à la libération du camp. Or, l’Histoire d’Auschwitz est plus complexe, séparée en plusieurs périodes, dont la première concerne principalement les opposants polonais, puis les prisonniers de guerre soviétiques. Les conditions d’internement dans le camp d’Auschwitz I *, créé en 1940, sont absolument effroyables **. C’est dans ces circonstances que Witold Pilecki, membre de l’Armia Krajowa (armée de l’intérieur, plus important mouvement de résistance polonais), se porte volontaire pour infiltrer le camp de concentration, en faire sortir des informations et tenter d’organiser un soulèvement.
En septembre 1940, il se fait rafler par les Allemands sous le faux nom de Tomasz Serafiński et intègre Auschwitz I. Risquant mille fois la mort, il parvient à transmettre à sa hiérarchie plusieurs rapports de renseignement, à créer un réseau de résistance et à mettre en place les moyens humains pour une éventuelle libération du camp avec l’aide de la Résistance extérieure. C’est cette histoire vraie digne d’un scénario de film hollywoodien que Gaëtan Nocq déroule avec beaucoup de rigueur et de finesse. Il nous raconte, en compagnie d’Isabelle Davion, universitaire spécialiste du sujet qui joua le rôle de conseil scientifique sur l’album, les coulisses de la création d’une bande dessinée remarquable.
* : à ne pas confondre avec le camp d’extermination Auschwitz II – Birkenau, camp de concentration ouvert en 1941 pour accueillir les prisonniers de guerre russes, et qui devient camp d’extermination partir de 1942, l’un des lieux de réalisation de la “solution finale”.
** : on estime à 12 000 morts, soit 50% des effectifs, les pertes humaines durant les vingt premiers mois.
Le Rapport W. Gaëtan Nocq (scénario, dessin et couleurs). Editions Daniel Maghen. 264 pages. 29 €
Les 10 premières planches :