Ma guerre, une jeunesse française. De la Résistance à Dachau…
Publié par les éditions Rue de Sèvres il y a déjà plusieurs mois, Ma guerre de Tiburce Oger et Guy-Pierre Gautier a marqué beaucoup de ses lecteurs. Pas seulement par l’histoire – vraie – qu’ils racontent, mais par le sentiment que l’album procure une fois la lecture achevée : une irrésistible pulsion de vie et d’espérance.
Ce n’est pas le premier récit de résistant déporté à Dachau, mais l’histoire de Guy-Pierre Gautier est emblématique d’une certaine jeunesse qui a pris conscience des choses, après un cheminement auprès des membres du Parti communiste avant la guerre. Original aussi car il ne tait rien de la dure vie des résistants.
Il est adolescent quand la guerre est déclarée et que les Allemands arrivent à La Rochelle. Il prend conscience de la situation quand un des responsables de son club de sport est arrêté par la Gestapo. Le jeune homme, qui « n’était » qu’un porteur de message, prend la décision d’entrer plus activement en Résistance. Il est rejoint par deux camarades. Avec les moyens du bord, ils collent des petits mots dans la rue mais se font prendre par la police française qui les relâche après leur avoir passer un savon. La suite est extraordinaire. Guy-Pierre intègre le réseau des Franc Tireurs Partisans, proches du Parti communiste. Avec une grande honnêteté, il ne se donne jamais le beau rôle et raconte le quotidien des hommes de l’ombre : il faut se cacher, fuir, être sur ses gardes, recruter…. Tout cela sans moyen, sans argent et avec, au final, peu d’actions d’éclat. L’image romantique de la Résistance véhiculée par les films et la littérature n’a finalement concerné que très peu de personnes.
Guy-Pierre finit par se faire arrêter, livré à la police française. Il est condamné à purger une peine de prison à Eysses où, bizarrement, Vichy a regroupé des centaines de résistants qui ne pensent qu’à s’évader. Il y est incarcéré peu de temps avant une mutinerie qui finit mal et qui vaut aux survivants un voyage vers Dachau. Il y reste une année. Le récit qu’il en fait est glaçant, et si il met en avant de nombreux actes de générosité et de courage, il exprime ses doutes et raconte sans fard les moments où le système concentrationnaire peut faire perdre momentanément une certaine estime de soi.
Le dessin de Tiburce Oger accompagne cette aventure tragique qui se finit au mieux pour Guy-Pierre. Il prend le relais du récit quand les choses sont dures à dire, allège certaines fois ou ajoute à l’humour quand il le faut. Ultra documentée, cette histoire n’est pas seulement le récit de la vie d’un homme exceptionnel, c’est une vraie source d’inspiration pour que le public, et notamment les plus jeunes, saisissent ce que signifie le fait de s’engager pour une cause plus grande que soi.
Ma guerre – de la Rochelle à Dachau. Tiburce Oger (Scénario, Dessin, Couleurs). Guy-Pierre Gautier (Adapté de). Editions Rue de Sèvres. 88 pages. 17 €
Les 5 premières planches :